
Dans le contexte de la pandémie de Covid-19, de nombreuses villes ont choisi de faciliter la pratique du cyclisme afin de permettre aux citoyens de respecter les mesures de distanciation sociale et de réduire la pollution de l’air.
Le confinement pourrait-il contribuer à l’essor du vélo en ville ? Depuis le début de la pandémie de Covid-19, plusieurs municipalités se sont positionnées en faveur de ce mode de transport individuel et propre. Le trafic routier étant fortement réduit en raison des mesures de confinement, les pistes cyclables temporaires fleurissent à l’étranger, nourrissant l’espoir de voir ce mode de transport vert s’imposer durablement dans le paysage urbain après la crise.
Les métropoles étrangères multiplient les pistes cyclables temporaires
La ville de Bogotá, capitale de la Colombie, a été la première à instaurer des mesures en faveur de ce type de transport. Depuis la mi-mars, la maire, Claudia Lopez, a fait construire 76 kilomètres de pistes cyclables en remplacement des axes routiers désormais délaissés par les voitures. Des travaux en continuité avec la politique de transport de la ville : des mesures de limitation du trafic routier le dimanche étaient déjà en place avant le début de la pandémie.
À New York, une partie de la Deuxième avenue a également été transformée en piste cyclable. Même chose à Calgary, Mexico, Séville, Philadelphie, et dans plusieurs villes allemandes, dont Berlin. Celles ayant mises en place de tels dispositifs ont été répertoriées par le journaliste des Échos, Adrien Lelièvre, sur Twitter. Souvent matérialisées par des plots ou des lignes de peinture sur le sol, ces pistes cyclables temporaires permettent aux usagers de continuer à pratiquer le vélo tout en se tenant à distance respectable de leurs voisins.
Une manière de respecter les mesures de distanciation sociale
« C’est ce qu’on l’observe dans ces grandes villes étrangères. C’est ce que l’on appelle de l’urbanisme tactique, c’est-à-dire le fait de procéder à des aménagements temporaires que l’on peut rendre permanents s’ils s’avèrent pertinents », précise Charles Dassonville, administrateur de la Fédération des usagers de la bicyclette. « C’est très malin de tester ces aménagements en ce moment, car les villes sont quasi-entièrement vidées de leurs voitures. En temps normal, il est plus difficile de banaliser des voies de circulation. » Dans le contexte de la pandémie de Covid-19, la création de nouvelles pistes cyclables redistribue l’espace public, et permet donc à tous « de se déplacer en respectant la distanciation sociale ».
La création de nouvelles pistes cyclables permet à tous de se déplacer en respectant la distanciation sociale.
Charles Dassonville, administrateur de la Fédération des usagers de la bicyclette
Ces aménagements de la voirie semblent également sur le point de se multiplier en France. Lundi 13 avril, le maire de Montpellier, Philippe Saurel (Divers-Gauche, Écologiste) déclarait vouloir créer des pistes cyclables provisoires dans la ville, suite à une concertation avec l’association Vélocité. L’accès des cyclistes à l’hôpital local devrait ainsi être facilité, et la discontinuité cyclable réduite. Une initiative similaire semble également sur le point d’être mise en place à Paris : selon les informations du Parisien, l’ancien vice-président aux transports de la région Île-de-France et président du Club des villes et territoires cyclables, Pierre Serne, aurait été chargé par la ministre de la Transition écologique et solidaire, Élisabeth Borne, de coordonner une mission destinée à favoriser les déplacements à vélo une fois le confinement terminé.
Réduire la pollution de l’air, facteur aggravant du Covid-19
Le vélo pourrait en effet être une alternative intéressante aux transports en commun pour la population urbaine, qui risque de délaisser les transports en commun par peur de la contagion. D’autant que, depuis décembre 2019, le vélo est plébiscité par de plus en plus d’usagers, qui ont redécouvert son usage à la faveur des grèves dans les transports en commun. Peu coûteux, le vélo est également écologique : un avantage de poids dans la lutte contre l’épidémie, étant donné que la pollution de l’air peut être « un facteur aggravant des impacts sanitaires lors de la contagion par le Covid-19 » selon Atmo France.
Les tests à l’œuvre à Montpellier et Paris pourraient-ils mener à une progression durable du transport à vélo ? « Tout l’enjeu est que le trafic automobile ne revienne pas tel qu’il était avant la crise, voire qu’il augmente s’il y a un report modal des transports en commun vers la voiture », alerte Charles Dassonville. D’autant plus que le vélo peine toujours à être vu comme un moyen de transport « à l’égal de la voiture », ainsi qu’en témoignent, selon lui, les nombreuses verbalisations de personnes se déplaçant à vélo dans le cadre des sorties autorisées par le Gouvernement. Si les initiatives mises en place depuis le début de la crise sont encourageantes, de nombreux efforts restent donc à fournir afin que le vélo s’installe de manière pérenne dans les villes.
Article publié le 15 avril 2020