
L’équipe britannique doit gérer un changement de génération. Egan Bernal est celui qui doit faire le joint, en attendant les futures stars.
Chris Froome a terminé le Critérium du Dauphiné à près d’une heure et demie du vainqueur.
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Depuis qu’Ineos a commencé à s’investir dans le sport, la firme britannique de pétrochimie a connu des fortunes diverses, avant de voir la vie en rose. Lausanne est monté en Super League après des débuts compliqués, Nice jouera l’Europe la saison prochaine, Eliud Kipchoge a échoué, puis est descendu sous les deux heures sur marathon, ensuite, Egan Bernal a remporté le Tour de France 2019 et Mercedes écrasé la Formule 1 avec Ineos marqué sur leur voiture. Pour la Coupe de l’America, ça reste à voir, mais gros budget est souvent synonyme de succès.
Cette saison sera peut-être une autre exception qui va confirmer la règle. Car depuis que le cyclisme a repris ses droits, rien n’est simple pour la troupe de Dave Brailsford, l’homme qui a rendu ses lettres de noblesse au cyclisme britannique. Le dernier Critérium du Dauphiné a confirmé cet état de fait. Les principaux doutes ne portent tout de même pas sur Egan Bernal, qui a dû abandonner samedi dans les Alpes françaises, mais quand même.
Froome a fini à 1h26’14
«Il aurait pu participer à l’étape, a rassuré le directeur sportif Gabriel Rasch. Mais il ne reste pas beaucoup de temps avant le Tour de France et on voulait être sûr qu’il ait assez de temps pour que ses maux de dos puissent être traités, afin qu’il soit à 100% au départ de Nice.»
Le doute porte surtout sur les deux anciens vainqueurs de la Grande Boucle, Chris Froome et Geraint Thomas, âgés aujourd’hui de respectivement 35 et 34 ans. Sur le Dauphiné, les deux coureurs britanniques ont fini respectivement 37e à 53’38 et 71e à 1h26’14 du vainqueur colombien de l’épreuve, Daniel Martinez. Oui: une heure, vingt-six minutes et quatorze secondes, presque l’entier d’un match de football sans les interventions pour la VAR.
L’armada Ineos, qui a craqué ensuite.
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Mais plus que le classement ou le temps lâché la semaine dernière, ce sont les impressions laissées par ces deux vainqueurs des Tours de France 2013, 2015, 2016, 2017 et 2018 qui inquiètent fortement. Dès que la bagarre a commencé, ils ont tout simplement disparu des écrans radars comme des pointages GPS.
«Ils n’ont juste pas été assez bons»
«Samedi, Geraint voulait économiser ses forces pour dimanche. Il essaie de progresser pas après pas. Mais il y a encore un peu de temps pour lui avant le grand départ», disait Rasch sur le site de Cyclingnews avant la dernière étape. Le lendemain, le Gallois terminait 105e à plus d’une demi-heure.
Pour Froome, comme pour son équipier gallois, le directeur sportif n’avait pas mâché ses mots: «Ils doivent franchir un palier. Cette semaine, ils n’ont juste pas été assez bons. Ils ont donné tout ce qu’ils ont pu et on espère que de courir va les aider.» Sous peine de finir comme de «vulgaires équipiers» dans quelques jours, à Nice.
Froome partira la saison prochaine chez Israel Start-up Nation, tandis que Thomas sera encore sous contrat en 2021. La formation Ineos, elle, a largement renouvelé son cheptel depuis des lustres. L’avenir s’appelle Bernal, Amador, Carapaz, Dennis, Henao, Sivakov, Sosa, Rodriguez et on en passe, et pas forcément des moins bons. Le tenant du titre va devoir faire le lien entre ces deux générations.